1. |
La superficie du ciel
03:46
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La superficie du ciel
De foulées en foulées,
traverser des plaines
pleines de non-dits, nantis,
d’adeptes bien nourris.
Les besogneux et les fous,
Lavent quant à eux leurs aveux,
et s'élancent pour toucher
la superficie du ciel.
Matelots d'un bateau,
ivre, braillant au vent
les témoins sont formels,
Le téméraire témoin.
Le formol gagne les ports,
des marchandises oubliées,
les cargaisons dérangent,
la superficie du ciel
D'expertes entraineuses,
des rings surpeuplés,
des cris d'écrans survoltés
des voiles d'opaques fumées,
L'agora bientôt saturée,
mais pas les voix,
çà et là plantées dans
la superficie du ciel
Le reflux des refus
les manques de retenue
Les arbres poussent à l'envers
recyclés, bonne nouvelle !
Apogée de l'âge du poli
après le déclin, déjà,
croissent les mains qui touchent
la superficie du ciel.
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2. |
Nos garçons
03:10
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Nos garçons
Regarde-les défier l'océan
les poings serrés, nos enfants
à transpercer mille vagues
Regarde-les, face à l'horizon
jeter au vent, à la marée
leurs cris de goélands guerriers
Les vois-tu valeureux
le torse bravant l'écume
solides et légers comme plumes
ils sont beaux, dorés au rayons de juillet
ils sont chauds tout contre ma peau
Regarde les construire des digues
des châteaux sans fantassins
des remparts sans lendemain
Regarde les creuser des trous
et s'y coucher comme morts
Puis s'y arracher fiers et forts
les vois tu s'amuser
à en chavirer la plage
l'expédition et l'équipage
ils sont beaux, dorés au rayons de juillet
ils sont chauds tout contre ma peau
Regarde-les, leurs cerfs volants
et cette unique et folle joie,
de l'envol, la première fois
A cul-plat dans le grand sablier
Regarde les même fatigués
continuer à tuer le temps,
Les vois-tu captivés
Cesser soudain leurs jeux
Pour fixer le ciel dans les yeux
ils sont beaux, dorés au rayons de juillet
ils sont chauds tout contre ma peau
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3. |
Tisser des poèmes
02:44
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Tisser des poèmes
Depuis l'éclaircie, d'où je t'écris
j'ai jeté le seau de mes regrets
un bouquet d'envies s'est déposé tout près
et je savais en avoir besoin
pour tisser des poèmes de tes états d'âme bleus
Depuis L'accalmie d'où je t'écris
finis les temps pleins, les raccourcis
L'espace exhaussé, déploie tous ses secrets
et je saurai en prendre soin
pour tisser des poèmes de tes états d'âme bleus
La douce euphorie d'où je t'écris
chaque jour est une étrenne
des nuées d'enfants fleurissent dans l'herbe seine
et je ferais bien de rire aussi bien
et tisser des poèmes de tes états d'âme bleus
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4. |
Wattana
03:28
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Wattana
Je n'ai pas eu le temps
De repasser par le jardin
Traverser la roseraie,
Vous visiter.
La dernière fois
La première fois,
les enfants nous tiraient
Je vous ai vu si peu
Je pense à vous souvent.
Fière et impassible,
Malgré tous ces regards sur vous
Nonchalamment installée, vous rêviez.
A quoi ? a quel Pays ?
Vous qui n'avez pas voyagé,
A peine quitté Paris,
Wattana.
Des cordes et des noeuds
entre ces murs impudiques
Cette question qui revient.
Qui regarde qui ?
observe qui ?
Comme pour ces dames à Amsterdam.
D'ailleurs Dayou est parti.
Il n'a jamais supporté, si piètre forêt,
Wattana.
Vous as-t-on dit là-bas ?
Vous êtes les derniers
Que vos frères au pays,
Sont tous morts sans lutter.
Wattana
Wattana
Je pense à vous souvent
Mon cher Orang-Outang
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5. |
Jouvence
02:53
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Jouvence
Il pourrait y avoir
enfin une trêve
pour une heure alanguie
combien me retiennent
A regarder la rive
depuis l'arène
J’ai fini par me dire
qu'à cela ne tienne
Il pourrait y avoir
Une terre de Sienne
une ébauche de mise
que je pourrais faire mienne
Byzance
A partir d'aujourd'hui
je ne prends plus la peine
d'expliquer les délits
les carêmes de l'âme.
J’élance
Il pourrait y avoir,
quelques renversements
des accords à tenir
Face à des faux semblants
départi du trop plein
revenu du néant
j'avoue qu'il me plairait
de me plonger au bain de
Jouvence,
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6. |
L'adret
03:26
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L'adret
C'est en laissant filer
ta bobine à l'usine
que ta colère est née
plutôt qu'une routine
une force nouvelle
te poussait dans le ventre
et aussi quelques ailes
pour te sortir de l'antre
Ton ardeur à prêcher
ta désinvolte foi
n'a pas eu pour effet
que l'on suive ton pas
Même ton rire contagieux
qui trompait la cadence
se figeait peu à peu
à se rompre au silence
Elle est vive cette source
qui s'écoule à nos pieds
profite de sa course
pour ne rien emmener
Tu laisses à contre coeur
tes soeurs à leur sort
que peux-tu contre la peur
d'un présent qui s'ignore
ton absence lutine
fera son oeuvre aussi
ton absence lutine
fera son oeuvre aussi
Elle est vive cette source
qui s'écoule à nos pieds
profite de sa course
pour ne rien emmener
et de l'ubac à l'adret
te voilà dorénavant
prête à recommencer
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7. |
Les roses trémières
03:01
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Les roses trémières
Les roses trémières,
quelque peu téméraires
Ont percé le béton,
saluent les passants,
Elles se dressent fièrement,
dans un va et vient charmant,
Et du blanc au violet,
Dégrisent les pavés
C’est ton pays qui tient
Dans ce bouquet citadin
C’est un bout de ton île
Qui flotte dans ma ville
Si tu viens jusqu’ici
Planter ta sacristie
Pendant que je me lamente
Sur des murs que tu enfantes
Je finirai par arracher
Chaque rose de chaque pavé
On dira c’est un fou
Le jardinier des fous
A la place j’y mettrai
Toutes ses autres soeurs
Toutes les autres fleurs
Peut-être j’oublierai
Que les rose trémières
Que les roses téméraires
Sont mes fleurs préférés
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8. |
La mort des amants
03:20
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La mort des amants
Nous aurons des lits plein d’odeurs légères
Des divans profonds comme des tombeaux
Et d’étranges fleurs sur des étagères
Éclosent pour nous sous des cieux plus beaux
Usant à l’envie nos chaleurs dernières
Nos deux corps seront deux vastes flambeaux
Qui réfléchiront leur double lumière
Dans nos deux esprits, ces miroirs jumeaux.
Un soir fait de rose et de bleu mystique
Nous échangerons un éclair unique
et plus tard un ange entrouvrant les portes
Viendra ranimer fidèle et joyeux
Les miroirs ternis et les flammes mortes
Les miroirs ternis et les flammes mortes
(Charles Baudelaire)
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9. |
Fifrelin
02:59
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FIFRELIN
Absorbé par mon labeur depuis de longues heures
Surgit alors imperceptible, à peine audible
Une petite mélodie, comme une rêverie
D’une sirène l’appel, lancinante ritournelle
Replongé dans mes affaires tel un va t’en guerre,
Elle persiste envoûtante hypnotique pénétrante
Je distingue au lointain une espèce de refrain
Pas de chant céleste en moi, c’est de dehors que vient la voix.
Est-ce un fifre dans ma rue, ce qui est peu convenu
En ces temps qui le sont tant, un joueur aux quatre vents
Et moi derrière ma fenêtre, assis a quelques mètres
A l’ombre d’une grille, d'où me viennent les trilles
De mon hublot, pas de Flûteau, assis je n’ai vu de chapeau
Il me fallait alors sortir, saluer ce fakir
improviste ménestrel, improbable chanterelle
C’était un jeune étourneau, dont je n’ai vu que le dos
Il y avait sur le trottoir, tous mes voisins sortis voir,
Charmés tels des serpents, par ce fakir aux quatre vents
On est resté à discuter du retour de mois de mai
On a pas entendu la fin, de cet écho divin
De cette flûte ambulante, de sa joie insolente
Fifrelin, pas de sou pour cette air là
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10. |
On s'est volé
03:23
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On s'est volé
Je t'ai volé à la tire
tu m'as tiré de l'embarras
J't'ai surprise dans un refrain
Dans un train à tromper l'ennui
Tu as soufflé sur mes vestiges
je t'ai ravie au vent mauvais
On s'est volé
Tu m'as soigné d'un grand vertige
D'une longue pige d'un entêtement
Je t'ai vue, tu m'as vu,
les failles , les enduis
Plus nu qu'un fruit, les rires, les râles
on s'est volé
On s'est donné plus que de raison
le carré dans le rond, le divin, les démons
On s'est donné plus que de raison
On s'est sorti d'un long sommeil, un entêtement
un long vertige
On s'est volé
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11. |
Le bruit d'une main
01:24
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le bruit d'une main
Elle est le bruit d'une main qui cherche une semblable
et qui va fouettant l'air en de petits remous
on l'entend quelque fois, taper sur une table
on la voit se morfondre posée sur un genou
Elle est comme un poème écrit sur une plage
qui n'aura de lecteurs que les vagues de la mer
elle ressemble aux prières des frêles équipages
aux messages échappés de bouteilles de verre
Elle est le bruit d'une main
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Marc Delmas France
Marc Delmas est remarqué à ses débuts par les Chantiers des Francofolies (2000-2003). Cette aide lui permet rapidement
d'être signé par le label Cristal records, avec lequel il sort ses deux albums, « Initial » en 2003 et « Bloody Mary » en 2007 (critiques dans Libération, Le Monde, Chorus).
En 2019 après une pause de presque 10 ans, il sort son 3ème album, La superficie du ciel.
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